SUR CETTE PAGE
Le Jeu des si, zigzags d'altitude
L'ami arménien, magnifique Makine
Quitter Madrid, joli petit roman
Le train des enfants, émotion
Sans toucher terre, drame scolaire
Déjà les mouches, un sacré titre
Les aventures de China Iron, Pampa
Les hommes n'appartiennent pas au ciel, un De Luca portugais
L'enfant qui mesurait le monde, bontés
Dans un avion pour Caracas, unité de lieu
Où sont les hommes, joli
jour de ressac, lent
L'idiot, le goût des classiques Conversation au dessus du vide, un éditeur court, très court
Dans les géôles de Sibérie, de la belle littérature contemporaine russe
Quitter Madrid, joli petit roman
Publié chez Mercure de France, un belle et vénérable maison, ce roman d'à peine 120 pages étonne par sa densité. On rentre à la fois dans l'intimité d'une restauratrice de tableau et dans celle d'une victime d'attentat, deux personnages qui en réalité ne font qu'un et cherchent en vain à se réconcilier. A la façon de Maylis de Kerangal, l'autrice Sarah Manigne décortique le quotidien d'une professionnelle chargée de gratter des vernis vieux de plusieurs siècles et de redonner à des oeuvres mythiques un lustre mesuré, sans timidité et sans excès, au plus juste. En même temps elle visite les affres du souvenir de l'explosion à la gare d'Atocha en 2004 qui hante l'héroïne du roman et conditionne ses moindres gestes, ses paroles et ses humeurs.
On a l'impression que l'autrice a vécu les deux situations, le traumatisme autant que la fonction, tant le ton est réaliste. Il y a aussi de la place pour la tendresse, la tendresse d'un couple qui se cherche, teintée de crainte et d'impuissance après l'évènement. Il fallait à nouveau raconter l'histoire de ce drame pour qu'on ne l'oublie pas. L'autrice l'a fait avec talent et originalité.
Référence : lu dans l'édition de 2020 (Éditions Mercure de France)
Le Jeu des si, zigzags d'altitude
Isabelle Carré donne des interviews joyeuses et dynamiques, pétillantes. Son livre montre une autre facette de l'actrice, plus rêveuse. Le jeu des si, consistant à imaginer un arbre des possibles dont la vraie vie n'est qu’une branche parmi d’autres, est une véritable machine à fantasmes. Le livre colle à la tendance très vivace de la création d’une ambiguïté entre réel et imaginaire, influençant nombre de romans contemporains, tout en s’en distinguant. En effet il n’y a pas seulement une réalité et une fiction entremêlées, mais aussi une réalité romancée entrelacée avec une fiction romancée. Bref, une mise en abime qui plonge le lecteur dans un faisceau d'univers parallèles semblables à des déclinaisons quantiques.
Le personnage principal se regarde souvent dans la glace ou en photo et tente de décoder son propre « sourire de Joconde ». Il s’aide de citations littéraires pour mieux sonder son âme, à la recherche d’une vérité qui lui échappe.
Référence : lu dans l'édition d'avril 2022 (Grasset)
L'ami arménien, magnifique Makine
Andreï Makine a écrit un roman, L'ami arménien, dont on lit en quatrième de couverture qu'il a une part autobiographique. S'il a vécu dix pour cent de ce qu'il décrit, on comprend la densité de son écriture. L'épaisseur que donne une telle expérience à l'adolescence, entre violences brutes et découverte d'une civilisation raffinée (à travers une amitié inattendue et bouleversante) ne peut que nourrir une carrière d'écrivain.
Le texte est enlevé, à la Makine, dans un style poétique et amoureux de la langue française. A la page 175 (édition de janvier 2021 chez Grasset), il entre en prison : "Mes codétenus devaient penser que j'étais atteint d'une forme de démence (...). Ainsi, les fous et les poètes échappent-ils parfois à la nasse de cette existence commune, légitimée par nos habitudes, nos peurs, notre incapacité d'aimer". Plus loin, il revient sur les terres de cette adolescence volée et en entrant dans un supermarché construit à l'emplacement de son orphelinat, constate que les préoccupations de la génération suivante sont bien éloignées des enjeux vitaux de son époque. Enfin il rend hommage à une femme qui sans bruit a adopté l'enfant de l'ennemi et de l'humiliation, préférant cet acte discret à la gloriole de bienfaiteurs célèbres et tonitruants. A longueur de livre, trame et message s'entrelacent harmonieusement pour le plus grand bonheur du lecteur.
Référence : lu dans l'édition de janvier 2021 (Grasset)
Le train des enfants, émotion
Une écriture nette, une voix d’enfant, un humour triste, trois constantes de ce roman qui mettent le lecteur dans la peau d’un déraciné. Tous les ingrédients d’un succès littéraire - et c’en est un - sont contenus dans ce texte écrit par une professionnelle des lettres inspirée. Elle a travaillé dans l’édition avant de devenir enseignante et signe ici un très beau roman construit sur la base de principes d’une grande efficacité : un fait historique étrange et peu connu sert de déclencheur et de fil rouge ; un personnage attachant, sensible et vulnérable interpelle le lecteur ; une grande ellipse de plusieurs décennies provoque une mise en abîme stimulante ; le style respecte et illustre à merveille la personnalité du héros et l’angle de narration ; enfin le lieu devient un personnage que l’on se prend à aimer comme si on l’avait connu dès ses plus jeunes années.
Et, chaque fois, je me suis dit que j’aurais pu être un de ces enfants grandis trop vite dans cette ville qui ne devient jamais adulte (page 223, édition Albin Michel de janvier 2021). Cette phrase résume le dilemme non résolu qui anime le héros tout le long de son histoire, tiraillé entre l‘envie de devenir musicien et celle de rester à Naples, sa ville, où son seul avenir de fils de famille pauvre est un destin d'artisan. Quoiqu’il choisisse il trahit l’une ou l’autre de ses aspirations sincères, démontrant que tout grand dessein, réalisé uniquement grâce à des sacrifices et un acharnement de chaque instant, coupe son auteur d’un pan entier de sa vie, soit au moins la moitié de sa famille et de ses amis, voire leur totalité..
Référence : le texte a été lu dans l'édition de janvier 2021 (Éditions Albin Michel)
Sans toucher terre, drame scolaire
Même si on n’est pas féru de psychologie, on est sensible au pouvoir de séduction de ce livre, pourtant tout entier bâti sur ce thème. Un jeune homme doué pour la course de demi-fond se débat dans les affres du souvenir d’un traumatisme durable et tente de surnager, de communiquer et d’aimer alors que son corps et son esprit lui dictent une conduite renfermée et méfiante. Le harcèlement scolaire est à l’origine de ses troubles, mais il se demande si le problème ne vient pas de lui plutôt que des autres, s’il n’est pas antérieur aux violences subies dans la cour de récréation. Le lecteur connaitra la réponse avant la fin de ce roman de jeunesse, écrit par un auteur que l’on n’imagine pas ne pas connaître le sujet de près.
On en profite aussi pour découvrir la Finlande, son climat, ses paysages, ses coutumes et sa modernité, ainsi que l’universalité du comportement d’une jeunesse accro aux mobiles et aux réseaux sociaux, lesquels jouent un rôle clé dans le déroulement de cette histoire.
Référence : le texte a été lu dans l'édition de décembre 2020, chez Rivages.
Déjà les mouches, un sacré titre
Ce roman est écrit en aphorismes, du début à la fin. Aussi son rythme est extrêmement dynamique malgré la lenteur de l’action. L’auteur a du style, indéniablement, ou diablement inné, on ne sait pas. La trame est organisée en une petite dizaine de tableaux, chacun mettant en scène une relation entre deux ou trois des sept personnages principaux. Présentée comme une comète par la critique, l’oeuvre mérite d’être connue.
Référence : lu dans l'édition d'avril 2023 (Gallimard)
Les aventures de China Iron, Pampa
Gabriela Cabezon Camara aime les couleurs et les odeurs de la pampa, qu’elle nous fait découvrir depuis notre fauteuil en suivant l’héroïne de son livre Les aventures de China Iron. Plus que d'aventures, il s’agit d’un parcours initiatique mené au pas de charge, dans une langue tonitruante prenant à peine le temps de respirer entre deux phrases, composant avec les règles de grammaire s’il le faut, à moins que la traduction ne soit la cause de ces libertés, que l’on pardonne en sacrifiant l’orthodoxie sur l’autel du rythme et de ses vertus.
Pourtant l’auteure passe un bon tiers du livre à décrire des paysages entre deux actions. Les deux autres tiers faits de violence et d’érotisme tissent une trame lâche, où l’on suit les protagonistes alternativement de prés, de très près même, et de loin, de très loin, parfois sans jamais les avoir rencontrés, le tout sur fond d’une histoire résumée de l’émergence d’une Argentine moderne rêvant de Grande-Bretagne.
Référence : le texte a été lu dans l'édition de 2021, chez l'Ogre.
Les hommes n'appartiennent pas au ciel, Un De Luca portugais
Nuno Camarneiro est un auteur à connaître. Comme l'italien Erri de Luca il écrit des romans poétiques, démontrant une profondeur de sentiment et de réflexion comparable. Dans ce roman publié en français par JC Lattès, l'auteur imagine la réaction de trois hommes au passage spectaculaire d'une comète à proximité de la terre en 1910. Alors qu'une vague de panique secoue la planète, ces trois-là traversent l'évènement avec une grande sérénité. Ils ont leurs chemins à eux, leurs trajectoires, leurs pensées. Ce sont des écrivains. Leurs processus créatifs sont en marche et sont à peine infléchis par la perturbation céleste.
Ils consentent néanmoins à observer le phénomène, à s'en inspirer pour créer et parfois pour agir. L'un d'entre eux suit une femme et la sauve des eaux, l'autre pense à la mort, le dernier décide de faire un grand voyage. Ils se prénomment Fernando (comme Pessoa), Jorge (comme Borges) et Karl (comme le héros de l'Amérique de Kafka). Ce n'est pas une coïncidence.
Lu dans l'édition d'octobre 2014 (J.-C. Lattès).
L'enfant qui mesurait le monde, bontés
Dans L'enfant qui mesurait le monde, Metin Arditi nous aide à comprendre ce que ressentent un enfant autiste, ses proches, ses voisins, ses amis et les visiteurs occasionnels de l'ile grecque où il a vu le jour. Car cette maladie, si elle fait beaucoup parler d'elle, reste mystérieuse pour nombre d'entre nous et désarme les témoins de ses manifestations imprévues.
Sur fond de parallèle récurrent entre le goût pour les chiffres de l'enfant et celui des architectes antiques, dont les oeuvres sont encore visibles en maints endroits sur le sol grec, l'auteur construit une trame optimiste qui entrelace les destins d'un vieil homme, d'une femme entre deux âges et de la communauté des pécheurs de l'ile confrontés à l'adversité de ce début de siècle, entre rigueur économique voulue par l'Europe et espoir de recouvrer la dignité et la fierté des apogées de son histoire, elles-mêmes fondatrices de la même Europe.
C'est une lecture fluide, sans fioritures, qui fait renouer avec la simplicité d'un écosystème de village, un village ilien. Dans une ile il est difficile de garder un secret. Aussi les âmes et les humeurs s'y dévoilent sans fard, les hypocrisies ne tiennent pas, en bute à des contradictions trop visibles. Les générations défilent mais les fondamentaux restent. Fierté, discrétion et solidarité sont les trois grandes valeurs partagées par les insulaires.
Référence : le texte a été lu dans l'édition d'août 2016 chez Grasset.
Autres histoires insulaires : Liste Babelio
Dans un avion pour Caracas, unité de lieu
Enfin, en théorie. Car dans son avion pour Caracas, le narrateur fait plusieurs tours du monde en pensée, et comme il s'agit du narrateur, il les narre. Physiquement, il se trouve dans un tube fait d'alliages savants, à la fois légers et résistants, bourré de technologie et d'âmes humaines, dont la cohabitation produit une ambiance particulière, propre aux voyages aériens. La langue de Charles Dantzig est maîtrisée, fluide et dynamique. Elle est au service de la description d'une amitié avec un héros potentiel, philologue de son état, parti dénoncer les abus d'un dictateur vénézuélien sur son sol à ses risques et périls.
La trame du livre est originale et logique, cohérente et indisciplinée, créant une atmosphère unique faite d'une alternance irrégulière de surprises et de re-connaissances, une complicité avec le lecteur. Il arrive de rire en lisant, comme avec Proust. Ce n'est pas le moindre compliment fait dans ces lignes, tant le moustachu mérite le Panthéon.
Lu dans l'édition d'août 2011 (Grasset)
Où sont les hommes ? joli
Cet ouvrage et ses frères sont en vente à la boutique du musée Albert Kahn à Boulogne. La collection Fléchette se veut passeuse entre l'univers encyclopédique et humaniste du banquier philanthrope et notre temps. Marie-Hélène Lafon imagine une fiction intimiste mettant en scène une future mère attendant le retour de la guerre de son mari, en se basant sur un des clichés de la collection Kahn pris en 1916 à Saint-Flour, dans le Cantal. Défi relevé avec grâce et talent.
Lu dans l'édition de novembre 2022 (Sun / Sun)
jour de ressac, lent
Comme pour toute oeuvre parue aux Éditions Verticales, pas de majuscule au titre. Peut-être pour rester humble, laisser le public apprécier l’opportunité d’en mettre une une fois la lecture achevée. Et lorsque Maylis de Kerangal signe un livre, il y a en général de bonnes raisons de le faire. Mieux, chacun de ses ouvrages étant meilleur que le précédent, il faudrait inventer de nouvelles typographies capables de rendre compte de ce progrès. Or cette fois, la séquence est brisée. On y trouve des accents d’une de ses premières nouvelles, l’histoire d’un naufrage sur les côtes irlandaises, et les traces d’une construction que l’on pouvait repérer dans Naissance d’un pont et qui s’étaient estompées par la suite. L’échafaudage de jour de ressac est bien visible, comme si l’autrice était revenue à son point de départ, se forçant à apprendre un nouveau genre et ne le maîtrisant pas encore suffisamment pour en gommer les esquisses à la relecture, ou à la réécriture. A-t-elle été encouragée par sa maison d’édition à se dévoiler, à jouer dans le registre à la mode de l’intimisme pour briguer de nouveaux prix littéraires, plus haut plus fort ? Paradoxalement, cette tentative d’ouvrir son âme crée de la distance. On la devine bien trop pudique pour se prêter avec succès à un tel exercice. En revanche, elle n’est jamais aussi forte que dans la radiographie curieuse, gourmande et bienveillante de la vie des autres, une curiosité saine, à rebours du voyeurisme ambiant. Pourquoi ne pas y revenir ?
Lu dans l'édition de septembre 2024 (Verticales)
L'idiot, le goût des classiques
Dans l'édition de poche, l'Idiot de Dostoïevski occupe un peu plus de mille pages. Ce roman accompagne donc la vie de ses lecteurs pendant longtemps, surtout si leurs obligations professionnelles ou familiales les accaparent et qu'ils ne consacrent à la lecture que quelques minutes par jour, le soir avant de s'endormir ou, pour certains, de bon matin avant toute chose, afin de commencer leur journée par une exposition à la beauté. Car un classique est d'abord une affaire d'esthétique, sauf peut-être en philosophie. En littérature, le texte doit être beau, doit déclencher une émotion qui va au delà de la sensibilité à la trame et au message. La langue doit être maîtrisée, l'art doit imprégner chaque phrase du début jusqu'à la fin, sans faiblir, sans fausse note. L'histoire elle-même doit participer à l'harmonie générale, épousant rythme, tons et sens pour paraître spontanée aux yeux du lecteur, comme si elle était vécue devant lui, ou plutôt avec lui, l'intégrant dans le jeu des personnages.
A la fin du livre (toujours dans l'édition du Livre de Poche, Édition 18, novembre 2020), il ne faut pas rater les commentaires de Louis Martinez. Après mille pages le lecteur est transformé, il a mené deux vies parallèles et essentielles l'une à l'autre pendant plusieurs semaines, parfois plusieurs mois, et ne veut pas en rester là. Cette expérience fait partie de sa propre histoire pour toujours, s'imprimant à l'encre indélébile sur des zones profondes de sa conscience. Il ne veut pas faire mourir son double au risque de mourir tout court, tué par l'ablation d'un organe devenu indispensable. Ces commentaires font revivre des moments forts, perpétuent le sentiment d'intimité avec l'auteur, dévoilent des trésors cachés et éclairent l'oeuvre et son contexte à travers le recensement chronologique de ses critiques. Ils sont écrits dans une langue si maîtrisée qu'ils méritent amplement leur place aux côtés du texte de Fédor.
Lu dans l'édition de novembre 2020 (Le Livre de Poche)
Conversation au dessus du vide, un éditeur court, très court
Le commentaire de cette lecture ne doit pas être trop long, sinon il risque de dépasser en volume le livre dont il est question ici. Comment, vous ne connaissez pas la collection "Carné poétique" aux éditions "La boucherie littéraire" ! Imaginez un carnet, avec des pages vierges comme dans tout carnet, abritant en son sein "les pages cachées du milieu". Là un auteur s'exprime et stimule votre créativité. Chaque ligne lue est une occasion de créer et donc de remplir les pages vierges, avant ou après cette "viande" proposée en cahier central.
Il s'agit d'un livre sandwich, ou hamburger, tout dépend de la filiation culturelle du lecteur. Personnellement, en lisant "conversation au dessus du vide", je n'ai pu que penser à une situation vécue proche que celle que l'auteur à vécue lui-même, et qu'il conte fibre par fibre, protéine par protéine, goutte de sang par goutte de sang. Je rajouterais bien à cette âme carnassière quelques agréments végétaux ou laiteux, des intermédiaires, des membranes grasses qui la protégeraient des agressions de l'extérieur, mais qui ne pourraient rien contre les incisives acérées du lecteur.
Lu dans l'édition d'octobre 2020 (La Boucherie Littéraire)
Dans les geôles de Sibérie, de la belle littérature contemporaine russe
François Busnel décrit le début de sa prose comme quasi-baroque. Yoann Barbereau signe un premier roman en racontant une tranche de sa vie sur un ton alternativement lyrique et clinique, le tout baignant dans la blancheur d'un pays froid comme les coeurs de ses bourreaux. Ces trois ans passés à subir, à fuir, à subir encore, à fuir à nouveau contiennent toute la matière dont on fait un roman palpitant, sans avoir besoin de chercher midi à quatorze heures en déguisant ou enjolivant la réalité.
On reconnait aisément les lâchetés des puissants, en tous points réalistes, on ne s'étonne jamais de l'enchaînement des tortures physiques et psychologiques tant ces contrées portent en elles d'histoires cruelles, quelle que soit l'époque, tsariste, soviétique ou moderne. On y découvre des amours entrelacées décrites avec suffisamment de retenue pour rester élégantes, avec suffisamment de détails pour séduire. Car l'auteur est indéniablement un séducteur, en témoigne le rapport écrit par une psychologue russe qu'il rapporte fidèlement dans son livre. Cette disposition le sert partout et toujours, elle explique tout, l'irritation de ses bourreaux jaloux, ses évasions, sa survie, ses succès et ses échecs. In fine c'est un superbe morceau de littérature contemporaine sur la Russie, dont l'auteur reconnait avec justesse ce qu'il doit à ses illustres ainés du genre.
Lu dans l'édition de février 2020 (Stock)
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Quitter Madrid, joli petit roman
Le Jeu des si, zigzags d'altitude
L'ami arménien, magnifique Makine
Le train des enfants, émotion
Sans toucher terre, drame scolaire
Déjà les mouches, un sacré titre
Les aventures de China Iron, Pampa
Les hommes n'appartiennent pas au ciel, un De Luca portugais
L'enfant qui mesurait le monde, bontés
Dans un avion pour Caracas, unité de lieu
Où sont les hommes, joli
jour de ressac, lent L'idiot, le goût des classiques
Conversation au dessus du vide, un éditeur court, très court
Dans les géôles de Sibérie, de la belle littérature contemporaine russe
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